Mission Accomplie

Ce soir de novembre, Monsieur le sénateur de la majorité sénatoriale (ou Madame, mais 2/3 des sénateurs sont des hommes…), a regagné son appartement, pas mécontent de sa journée. Il venait de voter, résolument, pour la suppression de l’aide médicale de l’Etat (AME), dont bénéficient les étrangers en situation irrégulière. Vote victorieux : 200 pour la suppression, 136 contre. En présence, silencieuse mais clairement approbatrice, du ministre de l’Intérieur.

Ce sénateur n’a donc pas fléchi quand on lui a rappelé que le principe d’une aide médicale gratuite remonte, en France, à une loi de…1893. Il a fait peu de cas des évaluations qui montrent le très faible coût de ce dispositif : 1/200ème de la consommation médicale nationale. Il est resté sourd quand la Fédération nationale des centres de santé a rappelé que « l’AME ne doit pas être un instrument de politique migratoire, au risque de rendre plus difficile le contrôle d’épidémies ». Ou quand la Société française de médecine d’urgence a expliqué que cette suppression entraînerait une nouvelle surcharge des hôpitaux, un afflux de patients mal soignés dont l’état allait s’aggraver.

Monsieur le sénateur est resté droit dans son costume, arc-bouté sur un message majeur : l’AME constituerait un « appel d’air ». Au point sans doute de pousser des milliers d’Africains (c’est à eux qu’il fait référence, on imagine) à s’exiler de leur pays, traverser des zones dangereuses, se ruiner en payant les passeurs, braver les attaques et les naufrages ? Sérieux ? Et comment expliquer, alors, que la moitié de celles et ceux qui pourraient être concernés par cette aide n’ait même pas fait les démarches nécessaires pour cela ?

Au moment où nous publions ce post, il semble que l’Assemblée Nationale compte rétablir l’AME, que le texte initial de la loi immigration, bien rétrograde par ailleurs, avait épargnée. On verra. Le vote du Sénat sera en tout cas intervenu pour renforcer les thèses de droite extrême ou d’extrême droite – quelle différence ? – sur une France victime des envahisseurs étrangers sur son sol. C’était le but visé. Bonne nuit, Monsieur le sénateur.